La connotation est un point essentiel en typographie ; bien sûr, un texte doit d’abord être lu mais son apparence va aussi suggérer, évoquer, installer nombre de références. Le choix du caractère permet de situer une époque, le lien direct à une esthétique, un ton – comme on parle du ton de la voix – une musique, qui participe à la perception du mot comme une bande originale à celle d’un film, et joue de l’inconscient collectif dans lequel tous ces signes sont déjà chargés de sens par l’usage et les habitudes. Monsieur ou madame Tout le monde saura-t-il voir que le choix d’un caractère est mauvais ? non, évidemment… mais on peut être sûr qu’il/elle saura ressentir sa justesse lorsqu’il est bon.
Une fois cette réflexion aboutie, vient le temps de penser à l’expression par la mise en page et là également, la chose n’est pas simple au début. Le fond/la forme. Symbolique, pas décoratif. Quel est le propos du cinéaste dans l’histoire globale du septième art ? À quel mouvance appartient-il, qu’a-t-il apporté ? Et enfin, question essentielle, quel est le sujet principal – pas l’histoire – de ce film en particulier. Le graphiste a, à sa disposition, un certain nombre de possibilités propres à la typographie pour s’exprimer : les tailles des caractères, la distorsion, la manipulation, les contrastes de graisses, les jeux sur l’interlignage, les approches, mais aussi la composition formelle, le jeu avec le format, la gestion dynamique et signifiante de l’espace non imprimé.
Cette recherche est proposée en fin de deuxième année de l’Ésag-Penninghen, lorsque les étudiants commencent à avoir suffisamment de références pour construire un questionnement global et apporter leur propre réponse.