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Le Petit manuel de composition typographique.

Avec l’évolution rapide des technologies, le champ de l’expérimentation typographique est sans cesse redéfini. En parallèle les nouveaux logiciels sont de plus en plus pointus et offrent toujours plus de possibilités créatives. Le Petit manuel de composition typographique suit de près ces évolutions pour être toujours d’actualité et permet de poser des repères fondamentaux dans l’esthétique et l’histoire de la typographie.

Petit Manuel de composition typographique

Anatomie d’un caractère
D’où vient la “structure” des polices de caractères que nous utilisons aujourd’hui, pourquoi le romain et l’italique coexistent-ils, pourquoi dispose-t-on de plusieurs versions d’un même caractère, à quoi correspondent les formats informatiques, que trouve-t-on sous le clavier ?

Les familles de caractères
Cette partie présente une classification complète, basée sur l’évolution historique de la lettre, et facile à utiliser aujourd’hui. Les illustrations ont été entièrement revues afin de mettre en valeur des caractères récents. En hommage aux catalogues de caractères de l’époque du plomb, les fontes sont présentées sous forme de planches composées de proverbes et de citations.

La composition du texte
La composition du texte requiert de nombreux réglages : choisir le corps, modifier ou non à l’interlettrage, corriger les approches de paire si nécessaire ; cette partie explique tous ces points pas à pas.

Les règles de base
Comme toute discipline, la composition possède ses règles, codifiées comme les règles d’orthographe. Sans prétendre remplacer les codes typographiques, ce chapitre insiste sur les bases fondamentales que tout débutant se doit de maîtriser (espace et ponctuation, tirets, ligatures, petites capitales, principales abréviations).

Bibliographie
Pour commencer une bibliothèque idéale sur la typographie…

Édité avec le soutien du Cnap, Ministère de la culture.

Reliure spirale et une 4e cartonnée, pour plus de solidité et de praticité dans la consultation, disponible en commande sur ce site, ici via la Boutique.

Disponible également en librairie, Le Petit manuel de composition typographique est acheminé régulièrement vers les librairies suivantes :
Flers/Librairie Quartier Libre/2 rue de la Boule, 61100
Bordeaux/Librairie Mollat/15, rue Vital-Carles, 33000
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Rennes/
Librairie Le Failler/8-14 Rue Saint-Georges, 35000
Toulouse/Librairie Ombres Blanches/50, rue Gambetta, 31000
Cultura, fnac et fnac.com
[liste en travaux :-)

Tout ce qui donne du caractère à un caractère.

Un caractère se définit tout d’abord par ses caractéristiques familiales, c’est-à-dire les propriétés appartenant à un ensemble de caractères, et utilisées pour créer des regroupements nommés familles par les théoriciens.

Premier repère : les empattements.
Les empattements, qui terminent les fûts, n’ont pas tous la même forme. Au courant du XIXe siècle, ils ont commencé à disparaître. Depuis Thibaudeau, auteur de la première classification en 1921, on a l’habitude de comparer les M capitales pour mettre ce point en évidence.
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La forme de ces terminaisons influe sur le dessin des attaques, sorte de commencements supérieurs des fûts.Capture d’écran 2015-03-16 à 17.13.35

 

Deuxième repère : le contraste ou l’absence de contraste entre les pleins et les déliés.
Ce point est indépendant du premier. Une linéale, sans empattement, peut avoir des pleins et déliés, une mécane, à empattements peut ne pas en avoir.
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Troisième repère : l’axe de construction de la lettre.
Un axe droit indique un dessin symétrique de la lettre ; un axe oblique, basculé vers la gauche, indique une répartition des pleins et des déliés plus proche de l’écriture manuelle.
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À ces points propres aux grandes familles, s’ajoutent des détails spécifiques à chaque caractère.

Les différences de structure : le a rond du Futura et ses descendants, fruit de l’application de l’idéal moderne à la lettre à partir des années 30 ; la boucle du g bas de casse qui subit un changement radical de son dessin avec l’arrivée des linéales géométrisantes, l’ouverture de la boucle inférieure permettant l’agrandissement de la boucle supérieure qui se cale désormais sur la hauteur d’x.
Cette radicalité géométrique a parfois des conséquences sur les dessins des i, j, et l qui sont simplifiés jusqu’à l’extrême.

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Les gouttes des f, a, et c, sont les terminaisons des boucles ouvertes des caractères à empattements qui influent autant sur le dessin du trait que sur celui de la contre-forme intérieure, c’est-à-dire le blanc interne à la lettre. La forme de la goutte se retrouve parfois dans la queue du g et la base du j, mais ce n’est pas systématique.Capture d’écran 2015-03-16 à 17.25.22

La liaison entre les obliques du k et son fût.Capture d’écran 2015-03-16 à 17.26.00

 

La liaison entre la boucle du a et son fût qui peut être franche ou adoucie, droite ou oblique.Capture d’écran 2015-03-16 à 17.26.15

 

Les pointes des A et W capitales ainsi que le croisement des obliques intérieures du W.Capture d’écran 2015-03-16 à 17.26.28

La queue du Q, l’oblique et la jambe du R.Capture d’écran 2015-03-16 à 17.26.43

Petite leçon de vocabulaire.

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La première chose à faire pour parler sérieusement d’un domaine est de fixer un vocabulaire, un ensemble de termes communs à tous qui renvoie à des notions précises. Lorsque j’ai commencé à étudier la typo, je me suis vite rendue compte que tout cela était bien vague et que chacun se débrouillait comme il pouvait, quelquefois même avec de mauvaises traductions de termes étrangers. Bref, un grand bazar. J’ai donc enquêté, croisé et recroisé les informations, regardé tout simplement beaucoup de lettres, et j’ai tranché sur un certain nombre de définitions que voici :

Hauteur d’x Traduction de l’expression anglaise x height, la hauteur d’x désigne la hauteur des lettres courtes comme le « x », le « o », le « c » bas de casse. Les Français utilisent aussi la dénomination hauteur d’œil, qu’il est préférable d’éviter car son premier sens est différent : à l’époque du plomb, l’œil de la lettre définissait la partie imprimante du bloc de plomb (donc le dessin de la lettre dans son entier), et la hauteur d’œil mesurait la hauteur de ce relief.

Corps Le corps est une mesure exprimée en points et associée à la hauteur de la lettre. Elle correspond à l’encombrement maximal du dessin : montantes, descendantes, plus un blanc en haut et en bas déterminant l’interlignage. Deux caractères de même corps, mais provenant d’alphabets différents, n’ont pas toujours le même effet optique : celui-ci dépend du rapport de proportion entre la hauteur d’x et les montantes et les descendantes. Plus il est élevé, plus la lettre paraît grande.

 

 

Le Sabon Next Pro est un caractère avec empattements. La série des Bureau Grotesque est une série de caractères sans empattements. Ici, le Sabon Next Pro et le Bureau Grotesque FiveOne ont la même hauteur d’x avec des valeurs de corps très différentes. C’est pour cette raison qu’une valeur de corps ne peut jamais être choisie dans l’absolu (si vous me demandez si tel caractère, en corps 12, est correct pour tel ou tel travail, je vous répondrai toujours que je n’en ai pas la moindre idée et que je ne peux émettre un avis qu’en voyant un échantillon de composition).

Approche L’approche est l’espace entre deux lettres. À l’origine, elle était définie lors de la fabrication des caractères mobiles. La distance entre le dessin et le bord du bloc de plomb déterminait un espacement fixe. Les logiciels de composition permettent aujourd’hui d’intervenir sur deux types de réglages : l’approche de paire ou crénage (qui joue sur l’espace entre deux lettres), et l’approche de groupe (qui agit sur l’ensemble d’un mot, d’une phrase ou d’un texte). Pour vous exercer et affiner vos stratégies d’approche je recommande KernType, the kerning game.

Chasse La chasse est la largeur de la lettre augmentée de ses approches. Elle peut varier d’un signe à l’autre et d’un alphabet à l’autre. Il est important d’en tenir compte lors du choix du caractère. On rentrera moins de signes à la page avec un caractère large, qui chasse davantage qu’un caractère étroit.

Police/Fonte Les termes « fonte » et « police » sont synonymes. Ils sont employés ici pour définir un caractère dans un style donné : par exemple, le Times Bold, le Garamond Regular Italic. Sur ce point les avis divergent souvent, il faut faire attention. Pour ma part, me plaçant du côté de l’utilisateur, j’adopte le vocabulaire des éditeurs de caractères, afin d’aider le designer à comprendre comment sont diffusés et vendus les caractères.

Série L’ensemble des polices d’un même caractère est nommé une « série » : on peut dire, par exemple, que l’Univers est une série très vaste qui offre de nombreuses variations de chasse et de graisse, alors que le Perpetua est une petite série composée seulement du regular, du regular italique, du bold et du bold italique. Là aussi, ce choix est personnel, fixé dans un souci de logique et de précision, testé par des années d’usage. Le terme « famille » est ici réservé aux différents groupes des classifications de caractères.

Avec ou sans empattements Les empattements sont les terminaisons des lettres appelées aussi sérifs. Les lettres sans empattements sont dites sans sérifs. Les multiples appellations des classifications, ou les habitudes de vocabulaire, différentes selon les pays, entraînent quelquefois des confusions ; il est utile de rappeler tous les synonymes employés pour qualifier les caractères sans empattements, qui sont : sans sérifs, linéale, antique, grotesque, bâton, mais aussi gothic, à ne surtout pas confondre avec la gothique, type de lettre utilisé par Gutenberg dans ses bibles et en usage en Allemagne jusqu’au milieu du XXe siècle.

Ce texte est une adaptation des pages 6 & 7 du Petit Manuel de composition typographique.