The ABCs of Dada

Le Dadaïsme puise sa force dans la culture du non-sens, dans l’ironie élevée au niveau de pratique artistique et, lorsque Dada part à la conquête du langage, c’est pour découvrir une autre forme de communication basée sur des principes radicalement nouveaux. Après la démystification, peut naître l’exploration progressive. Les images et les textes dadas montrent le grotesque du monde qui s’écroule sous le poids de la guerre ; les coutumes sociales, l’art n’ont plus la valeur que leur donnait le passé, il faut désormais tout réinventer. Pour cela, il est nécessaire de repenser entièrement les moyens d’expression traditionnels et de faire exploser les frontières existant entre les différentes disciplines : les poètes sont typographes, les typographes sont peintres ; Kurt Schwitters récite ses poèmes en public et les édite avec une très grande recherche typographique, maîtrisant ainsi toutes les étapes de la création.

Dada ressent un besoin constant de s’exprimer, dans l’ombre des cabarets d’avant-garde, dans les revues et manifestes qui circulent à l’époque, ou directement dans la rue. Le degré de politisation du mouvement varie selon les pays : la Suisse, la France et l’Allemagne n’étant pas confrontées aux mêmes événements historiques, chaque artiste va modeler son discours et trouver les processus de création, de la provocation dévastatrice à l’engagement révolutionnaire, qui serviront le mieux ses intentions.

Les textes dadas sont souvent construits comme de véritables attaques destinées à capturer l’attention du lecteur. Dada utilise des procédés calqués sur une rhétorique publicitaire, ou plutôt sur celle de la réclame, pour lancer une offensive de l’absurde, de l’humour et de la dérision. Il faut à tout prix susciter une réaction, instaurer un dialogue imaginaire, détourner la logique habituelle du discours.

À travers les manifestes, les artistes, signataires réunis sous le cri de combat “dada” !!, peuvent cultiver la contradiction subtile d’écrire des pages et des pages sur le fait qu’ils n’ont rien à dire. Dada vous parle, Dada se vante, Dada insulte, Dada réinvente le langage et vous devenez son complice. Dada n’est qu’un mot, mais Dada va donner au mot toute sa puissance. Celui-ci devient signe de ralliement, emblématique d’une certaine manière d’envisager la vie :
On cherche dans le dictionnaire Larousse un mot international dépourvu de couleur politique ou partisane, et même de toute signification précise. Richard Huelsenbeck tombe sur le mot “Dada”, dont la puérilité semble remplir toutes ces conditions. Il est adopté à l’unanimité.¹

¹. Gabrielle Buffet Picabia dans Aires abstraites, Pierre Cailler, Genève, 1957, p. 178.
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Les Google fontes dans Photoshop grâce à Fontea.

Encore un outil pour simplifier la vie des amoureux de la typo : Fontea, disponible aussi bien sous OS que sous Windows, permet d’accéder directement aux 700 Google fontes à partir de Photoshop. Un simple menu permet de naviguer et de tester les différents caractères sans avoir à quitter le logiciel. Les catégories, Serif, Sans Serif, Display, Handwriting, Monospace, de la classification Google, permettent un premier tri parmi les fontes sur lesquelles il suffit de cliquer pour pouvoir les tester. Il est également possible de se créer sa propre typothèque à partir de ses choix favoris.

Pour télécharger ce plug-in gratuit c’est ici : fontea.madebysource.com
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Les jeux d’écriture de Benoît Bodhuin.

Benoît Bodhuin est graphiste, designer de caractères et enseignant. Il se décrit lui-même comme ayant un cursus indécis – mathématiques puis graphisme – une pratique affranchie et un intérêt pour la typographie.

Il présente ici, à l’ENSA Limoges, de nombreuses expériences, souvent basées sur un protocole, un système de variations, des contraintes, afin de dépasser le cadre de la commande traditionnelle et d’interpeller le lecteur.

Tout son travail est ici : bb-bureau.fr.

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mooc digital media. paris.

Dominique Moulon coordonne la plateforme de l’École Professionnelle Supérieure d’Arts Graphiques de la ville de Paris (EPSAA), qui a décidé en 2015 de se doter d’une formation en ligne ouverte à tous, ou Massive Open Online Course (MOOC), en sollicitant les compétences et en exploitant les ressources dédiées à l’enseignement des médias digitaux. Ainsi le MOOC de l’EPSAA Ville de Paris est destiné à un public en recherche de formation initiale comme à un large réseau de professionnels et bien entendu ouvert à tous.

Les cultures et pratiques numériques sont aujourd’hui l’affaire de tous. Elles sont transversales à bien des domaines, allant des arts visuels aux arts appliqués, jusqu’au spectacle vivant. Aussi, les contenus du moocDigitalMedia.paris sont accessibles à tous. A tous ceux désireux d’améliorer leur savoir-faire en s’appropriant des connaissances inhérentes aux pratiques innovantes qui sont à la croisée des réseaux, des jeux vidéo, du design d’interaction, des nouvelles images, de la data visualisation, du mapping vidéo ou de la générativité en son.

Sur ce projet, l’EPSAA collabore avec l’équipe de recherche Art & Flux de l’UMR ACTE du CNRS et l’association MCD ayant pour objectif, depuis dix ans, d’informer, promouvoir et accompagner la diffusion des cultures digitales.

François Brument, Matthieu Nebra, Michaël Stora, Éric Sadin, Étienne Mineur, Geneviève Gauckler, Dominique Cardon, pour ne pas les citer tous, participent à ces interventions passionnantes qui nous éclairent dans tous les domaines du digital. C’est ici : moocdigitalmedia.paris.

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Ligature.ch

Ligature.ch est une publication en ligne basée en Suisse traitant de la conception, la culture et la création visuelles. Fondée par Dennis Moya en 2011, Ligature.ch est maintenant dirigé par le studio Bähler Moya (designers duo Dennis Moya et Tiffany Bähler).
Le site est composé de différentes rubriques : interviews, design, design graphique, design industriel, photographie, illustration et création de caractères.

Chaque projet est accompagné d’une interview des créateurs et l’ensemble permet un regard mondial sur une création riche, vivante et exigeante.

Cliquez sur une image pour démarrer le diaporama.

 

C’est ici : http://ligature.ch.
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Scriptorium Fonts, spécialisée dans les adaptations de lettrages historiques.

Scriptorium Fonts est une fonderie basée à Austin, Texas, fondée en 1992 par le designer de jeu, éditeur et historien Dave Nalle. Cette drôle de fonderie numérique est spécialisée dans les adaptations de lettrages à la main d’anciens d’artistes ou calligraphes comme Alphons Mucha, William Morris, Willy Pogany, Arthur Rackham et Howard Pyle. Leur catalogue comprend actuellement plus de 600 titrages. Scriptorium Fonts offre des packs thématiques de caractères historiques se référant à des périodes artistiques spécifiques ou à des mouvements précis de l’histoire de l’art ou du graphisme.

La dernière re-création, le titrage de la revue Wendingen, une revue d’architecture et de design, publiée à Amsterdam de 1918 à 1932, qui fut l’une des plus importantes du mouvement Arts Décos.

Leur site, qui mériterait un design plus… contemporain : http://www.fontcraft.com/fontcraft/.

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Un nouveau type de réalité augmentée.

Fondé par Paul Ferragut et Ann-Kristin Abel, le Convivial studio, basé à Londres, expérimente à travers des projets et installations artistiques en utilisant une technologie innovante.

On peut lire sur le blog Graphiline :
Si cette nouvelle technique fonctionne sans téléphone portable, elle nécessite cependant un ordinateur, un projecteur et une Kinect. La Kinect est un boîtier à brancher à la console de jeu vidéo Xbox 360 qui capte les mouvements des joueurs rendant inutile les manettes de jeux.
Il nécessite aussi OpenFrameworks, logiciel open source C++. “Vous devez connaître OpenFrameworks et le codage, car la procédure d’installation est complexe !” préviennent les auteurs.
La Kinect va capter les mouvements du livre et le projecteur fera apparaitre les images.
Les sept premières étapes concernent la création du livre physique, qui doit être relié avec un fil pour lui donner un certain relief lorsqu’il est ouvert. Puis il faudra créer des marqueurs sur les pages et connecter le projecteur à la Kinect et étalonner ces deux appareils. L’étape 13 concerne la création du contenu de la réalité augmentée et sa liaison avec les marqueurs avec OpenFrameworks.

Le tutorial est ici : http://www.instructables.com/id/Augmented-Book-Prototype/?ALLSTEPS

 

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Saul Bass, l’art du générique.

Saul Bass révolutionne le générique de cinéma. D’une fonction purement informative et légale, il donne à celui-ci une dimension narrative et artistique, réalisant de véritable courts-métrages qui font partie intégrante du film en tant qu’œuvre. Bass souligne la thématique visuelle et dramatique du film, expose le caractère des personnages :
Mon idée de départ était qu’un générique pouvait mettre dans l’ambiance et souligner la trame narrative du film pour évoquer l’histoire de manière métaphorique. Je voyais le générique comme une façon de conditionner le public de façon à ce que, lorsque le film commence, il ait déjà un écho émotionnel chez les spectateurs. J’étais convaincu que le film commence vraiment dès la première image.

La qualité originale de Bass réside dans sa capacité à identifier le détail qui résume à lui seul le film et à le restituer de manière graphique et moderne. Pour Scorsese, ces créations sont une image emblématique, reconnaissable instantanément et immédiatement liée au film. Il ne cherche pas à illustrer cette phase informative qu’est le générique mais à mettre en scène de manière graphique les principaux éléments qui seront utilisés dans le film sous forme d’un récit.

C’est cette approche très graphique qui marque la rupture avec les habitudes en vogue. L’affiche de L’Homme au bras d’or délaisse toute représentation de la star Frank Sinatra qui incarne le rôle principal, un parti pris très osé qui marque le début d’une nouvelle ère aussi bien dans le domaine des affiches que dans celui des génériques. Progressivement, les séquences créées par Saul Bass se diversifient et délaissent les éléments graphiques pour intégrer d’autres moyens tels que des photographies (Spartacus), des animations (Le Tour du monde en quatre-vingts jours, 1956) ou des séquences filmées (La Rue chaude).

Par la suite, les génériques explorent une autre voie et s’intègrent à la narration en se situant dans la continuité du récit. Le générique intervenant au tout début du film, Saul Bass imagine ce qui a pu exister avant les premières images filmées par le réalisateur (ce qu’il nomme the time before). Martin Scorsese a dit de lui Ses génériques ne sont pas de simples étiquettes sans imagination – comme c’est le cas dans de nombreux films – bien plus, ils font partie intégrante du film en tant que tel. Quand son travail apparaît à l’écran, le film lui-même commence vraiment.

Il collabore étroitement dans la réalisation de ces génériques avec sa seconde femme Elaine Bass (née Makatura).
Source : Wikipedia.

 

Voir aussi cet article sur le site Art&science.

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Encore des clips typos…

L’exposition Typo en mouvement, exposition du Musée du design de Zurich, présentée au Lieu du design à Paris du 20/11/2015 au 5/03/2016 me donne l’envie de poursuivre mon exploration des clips vidéos typographiques en complément de ceux déjà présentés ici (voir catégorie motion design).

Tout le monde s’accorde à dire que le pionnier en ce domaine fut Bob Dylan avec le célèbre Subterranean Homesick Blue. Des pancartes, qui défilent une à une, suivant au flot des paroles. Bob Dylan, Subterranean Homesick Blues, 1965. © by the authors.

Jed’s Other Poem est le clip officiel de la chanson de Grandaddy. Programmé entièrement en langage basic sur un ordinateur de 1979 (les commandes se faisaient en texte au clavier et non à la souris). Le code source, disponible en téléchargement, en faisait la première vidéo musicale open-source. Une création de Stewart Smith.

Ici, Ramon & Pedro reprennent le principe du premier clip de Michel Gondry (La Tour de Pise), en renouvelant le principe. Readymade FC, Yael Naïm, The Only One feat, par Ramon & Pedro, 2005. © by the authors.

Celui-ci fit date, chez les geeks que nous n’étions pas encore : typo un peu maladroite mais toujours autant de charme ! The Bird & the Bee, Again & Again, par Dennis Liu, 2006. © by the authors.

Un esprit à la Sagmeister, mais plus léger… qui ne se prend pas au sérieux : Softlightes, Heart Made Of Sound, par Kris Moye, 2007. © by the authors.

Hypnotisme et esthétique sophistiquée, avec des lettres qui deviennent volumes : Yello, Tiger Dust par Kevin Blanc, 2009. © by the authors.

Un beau karaoké pour Husbands, Dream, par les français de Cauboyz. Pas de date © by the authors.

Dans la vogue du lettrage rond et acidulé, Philippe Katerine, Excuse moi, par Mrzyk & Moriceau, 2014. [Attention chastes oreilles, Philippe Katerine ne parle pas ici de manger sa banane tout nu, seul sur la plage]. © by the authors.

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Du plomb à la lumière par Alice Savoie.

Après une courte présentation de son parcours, de l’université de Reading (Royaume-Uni) à son propre studio, en passant par Monotype, Alice Savoie pose la question de ce que peut apporter l’étude et l’analyse des différentes étapes de l’évolution technique de la création de caractères à un concepteur contemporain.
Comment sont exploitées spécifiquement les nouveautés ? À quoi se réfère-t’on, à quel modèle, à quel corps, en cas de re-création ? Les trente années de l’ère de la photocomposition amenèrent une révolution dans une façon de faire qui n’avait que peu bougé depuis des siècles. Le caractère se dématérialise et devient lumière. L’occasion de revenir sur cette période, encore peu étudiée.

Pour en savoir plus, le site d’Alice Savoie, frenchtype.

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L’histoire de la fabrication des caractères mobiles racontée par ATF, the American Type Founders Company, en 1948.

Ce film revient sur une étape souvent méconnue, celle de la fabrication mécanique des caractères en eux-mêmes. De la fabrication manuelle (gravure du poinçon et fonte des caractères un par un par dans une matrice) à la fabrication mécanisée permise par l’invention du pantographe et de la machine à graver, permettant aussi l’adaptation de chacun des dessins au corps de la lettre.

Type Speaks – 1948 from Linotype: The Film on Vimeo.

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Le détail en typographie par Jost Hochuli.

Les éditions B42 continuent leur travail remarquable autour du graphisme et de la typographie. Une édition du livre de Jost Hochuli, Le détail en typographie, est à nouveau disponible.

Voici leur présentation :

“Une mise en page adaptée au texte, bien pensée et séduisante retient l’attention du lecteur et suscite chez lui l’envie de lire. En revanche, lorsque aucun soin n’est apporté aux détails de la composition, le plaisir ressenti dans un premier temps par le lecteur peut disparaître en raison des efforts exigés par une lecture fastidieuse. Le détail en typographie s’attache à répondre aux questions essentielles concernant la lettre, le mot, la ligne, le paragraphe et l’espacement. Il considère ces différents éléments visuels qui permettent la lisibilité optimale d’un texte. Véritable outil pour les étudiants en typographie, il se révèle le guide essentiel pour les graphistes et typographes désireux de questionner et perfectionner en permanence leur travail. Il s’adresse aussi aux concepteurs et aux éditeurs qui souhaitent que leurs publications ne soient pas seulement feuilletées mais lues en profondeur.

Le détail en typographie a été publié pour la première fois en 1987 en sept langues. Cet ouvrage constitue une nouvelle traduction française revue et augmentée.
Traduit de l’allemand par Victor Guégan avec Pierre Malherbet.”

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à commander ici : http://detail-typography.editions-b42.com

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CLICHÉ, une compilation graphique sur le mythe tropical par Laura Beretti.

Dès les premiers contacts, les relations du Pacifique insulaire avec le monde européen ont été faites d’un mélange de fascination et de méfiance. Les mythes, noirs ou blancs, circulaient, mais s’il était une dimension qui manquait trop souvent aux images véhiculées sur cette partie du monde, c’était bien celle de la compréhension. Projections idéologiques floues, représentations imaginaires et paradisiaques, la plupart des idées reçues n’ont jamais été revues ou véritablement entendues.

À travers des séries de photos de mode, Laura Beretti inscrit sa démarche dans une volonté de moderniser un monde encore méconnu du grand public. CLICHÉ, le titre qu’elle a choisi pour son livre, diplôme de fin d’études à l’ÉSAG-Penninghen, basé sur des faits historiques, cherche à déconstruire les stéréotypes dans le but d’en bâtir une image contemporaine.

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Pour en savoir plus sur Laura Beretti : lauraberetti.com
Pour en savoir plus sur l’école : penninghen.fr
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Adrian Frutiger, une leçon de typographie, une leçon de vie.

Adrian Frutiger est mort samedi dernier, le 10 septembre 2015, à l’âge de 87 ans. Une superbe vie de créateur ; une vie d’homme marquée par la souffrance. Quand il était encore en France, nous parlions de ses problèmes familiaux à mi-mots, entre nous. On savait, mais on ne disait pas, par respect. Je l’ai rencontré à Arcueil. J’avais 24 ans, je finissais mon mémoire de l’Ensad, un pavé, sur les avant-gardes en typographie, par des entretiens avec des créateurs contemporains. Contacté par courrier, Adrian Frutiger m’a dit, “mais venez, c’est plus simple de parler”. Il travaillait sur l’Avenir, la discussion a duré deux heures trente. J’étais aux anges : cette gentillesse, cette passion, cette connaissance, tout ça donné d’un coup ! Idéaliste comme j’étais, les dés étaient jetés, j’étudierai la typographie, je partagerai cette émotion, sa rareté.
J’ai lu un article où Adrian Frutiger était qualifié de “mystique”… c’est vrai que pour ma génération franchement anti-curés, parler de Genèse, ce n’était pas très excitant. Mais aujourd’hui, j’ai vieilli, j’ai vécu, et je comprends beaucoup mieux. “Mystique”, non, mais “panthéiste” oui, par cette recherche de la relation première entre l’homme et l’univers, la forme juste qui symbolise le lien de l’être humain au monde, à la nature.

Les créateurs de caractères ne sont pas des gens tout à fait normaux… Il faut être obsessionnel pour consacrer sa vie à cette tâche, si humble et si énorme. Je me souviens avoir parlé avec certains (toujours à l’époque) franchement limites dans leur discours, et m’être dit “c’est ça la typographie, c’est le grand tout ; le symbole ultime & le point départ ; c’est sans fin – même si complètement illusoire – que de vouloir signifier le monde en 26 signes. Psychologiquement il faut faire attention…”
Alors, pas question que je tombe entièrement là-dedans ; j’avais besoin des autres, du quotidien, de la contrainte, du travail laborieux, de la réflexion concrète. Je pensais que mon univers personnel n’était pas du tout assez riche pour je décide de passer ma vie enfermée avec moi-même (c’est aussi pour cette raison que je ne suis pas devenue artiste). Mais les créateurs de caractères et la typographie n’ont jamais cessé de me fasciner, et la courbe d’une lettre de m’émouvoir. Cette recherche d’idéal m’émerveille à chaque fois.

Frutiger, dans ce documentaire, est extrêmement émouvant, c’est l’heure du bilan. C’est l’homme ici que l’on entend. Ne vous braquez pas sur les couchers de soleil un peu bêbêtes et la musique assez terrible, mais écoutez-le. C’est peut-être sa souffrance personnelle qui lui a fait autant aimer partager avec les jeunes; beaucoup de nos choix professionnels s’expliquent par notre propre histoire, c’est là une banalité, je sais. Apprenez de lui (je m’adresse là aux étudiants), sans en faire un maître ou une idole, pour que chaque génération ne se sente pas obligée de repartir à chaque fois de zéro, par goût de provocation, pour tuer le père, ou par simple prétention, et que de jour en jour, les uns après les autres nous fassions notre part, comme le colibri, pour que le monde soit juste un peu plus beau et un peu moins stupide.

Un documentaire de Christoph Frutiger, Christine Kopp, november 2004.
Merci à Serge Cortesi et Luce Avérous qui m’ont fait connaître ce documentaire sur Facebook.
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[UN]EARTH, un recueil graphique par Arnaud Darré.

Pour son diplôme de fin d’études à l’ESAG-Penninghen, Arnaud Darré a choisi de faire un bond en avant de mille ans : la Terre n’est plus qu’un vaste champ de ruines, fruit de notre création. Un monde oublié dans le temps et l’espace… Presque oublié. Venus du fin fond du cosmos, un peuple découvre notre planète. Constatant et ne pouvant expliquer son abandon, ils se sont mis à gratter la surface, fouiller le passé.

[UN]EARTH propose un regard. Celle qu’une civilisation venue d’ailleurs va porter sur notre société, nos mœurs, nos habitudes. Un projet qui utilise la science-fiction pour aborder les problèmes de notre monde, une vision qui va nous permettre de questionner son fonctionnement. Ce projet est un recueil graphique, un livre d’histoire qui nous conte une fable, un nouveau mythe de la destruction du monde.

L’immersion se devait d’être totale. Les aliens ont leur écriture propre, une curiosité sans limite. Ils nous livrent la vision du monde tel qu’il l’ont découvert, et les vestiges numériques récoltés, abîmés par le temps.

Cliquez sur une image pour démarrer le diaporama.
Pour en savoir plus : http://arnaud-darre.com/
Plus d’informations sur l’école : http://penninghen.fr/
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